Meaux, le 25 janvier 1955
Chers Amis,
Les réparations de l’église sont terminées.
Dimanche prochain 30 janvier, à 19 h, après le chant de l’Asperges, la messe sera recélébrée dans notre église restaurée.
Au nom du Seigneur, je vous dit « Merci ».
Merci, car depuis plusieurs années vous avez fait un gros effort pour que votre église soit belle. Et vos efforts aujourd’hui portent leurs fruits puisque maintenant intérieurement et extérieurement votre église est comme neuve.
Merci aussi à tous pour l’aide que vous m’avez apportée. J’ai apprécié les conseils de MM. les Fabriciens ; j’ai admiré la bonne volonté de tous ceux et celles qui ont prêté leur concours pour les nettoyages ; j’ai surtout été touché en voyant votre générosité pour le prêt. Ce dernier ayant apporté 320.000 Frs, je suis heureux de vous dire qu’aujourd’hui toutes les notes des réparations sont payées.
Pour tout cela, chers amis, je vous dit un sincère merci.
« Notre église… on ne la reconnait plus ! »
C’est la réflexion de beaucoup.
C’est vrai. Après un travail remarquable des platriers de Cublize MM. CHAVANIS et PILON, de notre menuisier M. JOANNADE, de l’éléctricien de St Vincent M. SAINT6PAUL, l’eglise de Meaux est transformée.
Il y a des choses qui ont disparu, telles les boiseries des chapelles de la Sainte Vierge et de St Joseph, le bois était pourri. Lesrefaire aurait couté trop cher. On est allé à l’économie, on les a supprimées. On en a fait autant de tout ce qui n’était pas indispensable et qui par sa réfection aurait couté trop cher.
Il y en a qui ont disparu aussi parcequ’elles faiaient double emploi et prenaient la place aux autres : telle la statue de Jeanne d’Arc qui était à coté du vitrail représentant la même Sainte. Il vallait mieux mettre à la place St Antoine de Padoue qui n’avait plus à se loger (le tronc qui est au fond de l’église, bien qu’il n’ait qu’une porte, n’a pas qu’un seul fond. Votre curé a encoreun peu d’honnêteté, et malgré l’unique porte le tronc a 3 compartiments bien distincts : 1 pour les réparations, 1 pour St Antoine, 1 pour les pauvres).
Il y a enfin des choses qui ont disparu parcequ’elles étaient iutiles ou nuisaient même à l’ésthétique de l’église : tel le Moïse en pierre qui alourdissait la chaire.
Il y a des choses qui ont changé d’aspect : les Saints.
Selon les directives de Rome, les saints ont tous revêtu la même tunique. Plus de rouge aux lèvres, ni fard sur les joues. Mais tous dans leur robe ivoire patiné, oeuvre de M. GOUTODIER, nous conduisent, tout en s’éffaçant devant lui, au Christ Jésus notre seul Sauveur. Oui, seul le Christ de l’abside, chef d’oeuvre de scultpure, apparait dans toute sa majesté. Lui seul, par sa teinte bois naturel, tranche sur les murs ivoires, attirant nos regards sur lui et nous rappelant par sa présence ses souffrances pour notre salut et son amour pour nous.
Il y a enfin des choses qui ont été remplacé :
La table de communion. Oui, ce ne sera plus à une barrière de fer que vous viendrez recevoir de Corps du Christ. Mais la nourriture de votre âme vous la recevrez désormais à une table de bois rappelant la table familiale devant laquelle vous vous asseyez pour nourrir votre corps.
La garniture des autels. Les réparations ont fait de notre église une église moderne. L’ancienne garniture, de grande valeur quant à sa ciselure, jurait maintenant dans le nouveau style de l’église. Elle était bien trop grande. La conserver eût été faire preuve de manque de goût. Une nouvelle garniture de la Maison Favier de Lyon, plus proportionnée à l’ensemble de l’église orne maintenant les autels.
Ces deux dépenses peuvent, chers Amis, vous paraître inutiles et superflues. J’en conviens. Mais je tiens à vous dire que je ne les ai engagées que le jour où j’ai eu les dons nécessaires pour les payer.
Table de communion et garniture d’autels sont le fruit de dons faits pour cela. Et en passant, j’en remercie sincèrement les généreux donateurs anonymes.
Enfin il y a des choses qui sont nouvelles : doubles vitraux partout et poêle à charbon. Dépenses qui permettent d’avoir une église plus chaude.
Des goûts et des couleurs on n’en discute pas. Ce qui plait aux uns déplait aux autres. Nous serons obligés de reconnaitre, avec la propreté, le travail soigné est fait pour de nombreuses années.
Malgré ces changements, disparitions et nouveautés, notre église se distingue par sa simplicité.
Nul doute que nous y prierons mieux le Seigneur.
Bien que les notes soient toutes payées comme je vous l’ai dit, nous avons le prêt à rembourser. C’est pourquoi nous décalons la kermesse et nous en refaisons une dès cette année, à sa date traditionnelle : le dernier dimanche de juillet, soit le 31. Retenez déjà a date. Pensez y dès maintenant.
De plus, pour aider petitement mais régulièrement la caisse de la Fabrique à se « remplumer », en commun accord avec MM. les Fabriciens, la location des places à l’église sera de 200 FRS au lieu de 150, et les chaises seront à 3 FRS au lieu de 2.
Chers amis, vous avez fait un bel ouvrage. Vous pouvez être fiers de votre église. De tout coeur, je prie le Seigneur pour qu’il vous récompense dès ce monde.
Je vous renouvelle l’assurance de mon entier dévouement.
Abbé André CHALVIN
P.S. : Ce dimanche 30 janvier, à 3h30 à la Cure, réunion des Dames en vue de la préparation de la Kermesse. Je compte sur votre présence.